Dix livres sont en lice pour le Prix des Cinq continents dans le cadre de sa 21ème édition. Un jury international présidé par l’écrivaine Paula Jacques les a sélectionnés parmi 188 candidatures. Le lauréat sera désigné en janvier 2023.
L’OIF a rendu publique, jeudi 22 septembre 2022, la liste des dix finalistes du Prix des Cinq continents qui récompense, chaque année, un texte narratif (roman, récit ou recueil de nouvelles).
Les ouvrages sélectionnés, dans le cadre de cette 21ème édition, représentent 8 pays francophones et ont été choisis parmi une liste de 188 auteurs ayant candidaté pour ce prix.
Un jury international aura pour charge de choisir un livre gagnant. Ce jury est présidé par l’écrivaine franco-égyptienne Paula Jacques et est composé de quinze auteurs issus de pays francophones. Le lauréat sera désigné au mois de janvier 2023 et c’est en mars que lui sera remis le prix, en marge de la Journée internationale de la Francophonie.
Et les nominés sont :
Noces de coton d’Edem Awumey (Togo- Canada- Québec), éditions du Boréal (Canada, Québec) :
A travers une intrigue qui se déroule sur quelques heures, l’auteur parcourt le temps d’une prise d’otage, l’Histoire, ses injustices et l’art d’y résister. Solidarité, quête de liberté, militantisme, sont ici mis en avant comme un moyen de se frayer un chemin malgré la difficulté. Des mises en abymes picturales donnent à ce récit, une note sublime, au moyen d’allusions aux tableaux de Bruegel, Van Gogh ou Benton.
L’auteur a fait le choix d’une narration qui s’articule autour de 50 chapitres numérotés à l’envers, une manière originale d’envisager le temps et d’aborder les faits qui l’habitent.
Edem Awumey est né au Togo et est établi au Canada. Il est l’auteur de sept romans ayant fait l’objet de traductions dans plusieurs langues.
Le Silence des dieux de Yahia Belaskri (Algérie- France), éditions Zulma (France)
Ce roman est inspiré de faits réels. Il relate l’enfermement dans lequel se retrouvent les habitants d’un village dont l’unique accès est bloqué par des soldats. On retrouve, au fil du récit, un climat d’ébullition, de réflexions, de quête de solutions et on découvre des protagonistes qui cherchent un espoir pour s’en sortir. Un roman qui place la femme au rang d’héroïne, capable de faire bouger ce qui semblait immuable.
Dans cette fiction historique, L’auteur se livre à une lecture de l’âme humaine, ses espoirs, ses désespoirs, son isolement et toute la haine susceptible d’en jaillir.
Yahia Belaskri est un ancien journaliste, poète et écrivain. On retrouve, dans ses écrits, une retranscription, en sentiments et en émotions, de l’Algérie qu’il a quittée.
L’agneau des neiges de Dimitri Bortnikov (France- Russie), éditions Rivages (France)
Ce roman retrace le court et houleux parcours de vie d’une femme russe qui a connu la Révolution de 1917, les famines et la guerre. Née infirme, celle-ci grandit au fur et à mesure des misères rencontrées et s’élève contre le fatalisme qui sévit autour d’elle. Face aux forces nazies, Maria poursuit son élan de courage et de quasi-sainteté, et entreprend tout ce qui est en possible –et plus encore- pour sauver douze orphelins de la famine. Une épopée humaine sur fond de drame historique dont les héros sont souvent ceux que l’on connait le moins.
D’origine russe Dimitri Bortnikov réinterprète, dans ce livre et dans les précédents, la langue française, sa stylistique et même sa typographie. A la manière du subversif Céline, il l’explore et en revisite les codes.
La voleuse de Daria Colonna (Canada- Québec), éditions Poètes de brousse (Canada, Québec)
Dans ce roman, il s’agit d’une introspection qui s’opère au rythme des anecdotes et des souvenirs et qui se veut une tentative salvatrice pour se libérer des démons d’un passé impénétrable par sa complexité.
Passant en revue les épisodes de l’enfance, raisonnant autour de la relation aux parents, méditant à propos des complexes liens de filiation, ce livre explore les dualités des rapports familiaux qui oscillent souvent entre amour et violences, entre pardon et rancunes, entre l’évidence des liens et la difficulté des interactions.
A travers ses personnages et des faits en lien avec son propre parcours, la poète québécoise, Daria Colonna entreprend une exploration des racines et une quête identitaire par le biais des mots.
Les Ombres filantes de Christian Guay-Poliquin (Canada- Québec), éditions La peuplade (Canada-Québec)
Un roman relatant les péripéties d’un homme perdu dans la forêt qui cherche le chemin vers un camp de chasse dans lequel sa famille a trouvé refuge. Fuyant une panne électrique généralisée et affrontant une nature dangereuse et des rencontres hostiles, le héros se découvre et se trouve un adjudant inattendu.
Mimant la pérégrination de son personnage dans une nature impressionnante et au milieu de ses démonstrations de force, le romancier offre une réflexion autour des rapports humains imprévisibles, surprenants, rassurants…
L’écrivain québécois, Christian Guay-Poliquin, offre un roman-épopée moderne ayant pour cadre une nature fluctuante et pour objectif une quête de la sagesse.
Moïse de Casa de Driss Jaydane (Maroc), éditions Les Avrils (France)
Ce roman est une odyssée urbaine dans les rues de Casablanca, dans les années 70. Entre personnages fictifs et d’autres au pouvoir surnaturel, évolue un héros âgé d’une dizaine d’année qui tente d’affronter le monde et de s’élever au rang de surhomme. Son parcours est une série d’aventures et de tentatives qui prend naissance à l’écoute d’un appel lancé par le roi Hassan II à l’adresse des hommes capables d’entreprendre une marche jusqu’au bout du Sahara.
Evoluant dans un contexte exclusivement féminin, déjouant les codes sociaux liés à la perception de la situation de sa mère divorcée, cet enfant devient un super-héros dans un paysage insolite et sur fond de mysticisme fantasmagorique.
L’auteur dresse ici un portrait héroïque à un anti-héros bercé entre un monde onirique et un univers hallucinatoire et qui évolue dans une réalité qu’il pervertit à travers le regard neuf porté sur elle.
Gens du nord de Perrine Leblanc (Canada- Québec), éditions Gallimard (France)
Tel un récit de guerre, ce roman se déroule dans le froid d’Irlande, à un moment historique important : Les années 90, entre conflits et accord de paix. L’Histoire est ainsi revue, par le biais de protagonistes en vivant les affres au quotidien. A travers un prisme journalistique, ce roman revêt une précision chirurgicale dans le traitement des faits, partant de l’anecdote et allant vers les détails et l’analyse. La passion de l’auteur pour ce cadre spatial nourrit les descriptions et les charge, subtilement, en émotions.
Pourtant, dans ce livre, le ton lyrique est à peine perceptible. La romancière lui préfère la précision historique et géographique et une tonalité savamment nuancée, avec suffisamment de sobriété pour contenir l’évocation des lourds conflits.
Les Aquatiques d’Osyalde Lewat (France- Cameroun), éditions Les escales (France)
Ce roman raconte les dessous des ambitions politiques dévorantes et déconstruit, à travers son intrigue et le choix que font ses personnages, l’avide jeu de pouvoir. Abordant le thème de l’émancipation de la femme à l’aune de problématiques modernes et dans un contexte ancré dans les traditions, ce livre dépeint la société contemporaine et n’en manque pas les travers.
Certains faits sont le lieu d’une véritable critique sociale, notamment ceux liés à un personnage artiste, âme libre et ayant fait de ce qui est interdit parmi les siens, un choix de vie (l’homosexualité).
Ici sont critiqués les dogmes sociaux allant à l’encontre des libertés personnelles et l’avidité politique sans fin. Ici on prône l’émancipation de la femme et une révolte contre les traditions et la mainmise de l’homme.
Saharienne Indigo de Tierno Monenembo (Guinée Conakry), éditions du Seuil (France)
Tout commence par une rencontre insolite en terrain neutre : La rue Mouffetard, et pourtant naît, de ce hasard, une rétrospection profonde. Une Guinéenne qui a fui, un jour, un tragique destin se retrouve face à une diseuse de bonne aventure et entame, au fil de la discussion, un retour vers son passé habité de fantômes et de culpabilité.
Roman engagé, cette œuvre est l’occasion de relire l’Histoire teintée de rouge-sang, de douleurs et d’injustices à travers l’hommage rendu aux victimes du « Camp B » et des exactions du régime guinéen.
Enlève la nuit de Monique Proulx (Canada-Québec), éditions du Boréal (Canada- Québec)
C’est le récit d’une libération, d’une rébellion réussie contre des règles communautaires perçues comme aliénantes. A travers son personnage juif hassidique, ce livre relate la liberté conquise au fil des affrontements et acquise au prix de la solitude.
Une réintégration dans une société que l’on connait mais dont on redécouvre les codes s’engage pour ce héros dans la mouvementée vie montréalaise.
Un roman qui décrit la renaissance que peut connaître celui qui choisit sa vie loin du lourd fardeau de l’héritage.