NIVEAU : B2/C1
OBJECTIFS :
- DÉCOUVRIR UN GENRE LITTÉRAIRE : LE CONTE
- REPÉRER LES CARACTÉRISTIQUES DU CONTE
- IDENTIFIER LES VISÉES DU CONTE.
PRÉSENTATION DE L’OUVRAGE
Contes africains est un ouvrage réalisé à partir du travail de recherche et de collecte réalisé par les bibliothécaires de l’association « Des livres pour tous ». Ce collectif initié par l’auteure Marguerite Abouet a également procédé à la création d’un fonds sonore de contes, en collaboration avec l’association « Making waves ». On retrouve, dans ce livre, vingt contes provenant de différents pays de l’ouest africain. Les thématiques évoquées sont en lien avec des valeurs importantes et les récits se concluent par des morales.
POURQUOI LE CONTE ?
Le conte est un genre littéraire qui repose beaucoup sur l’oralité. Dans certaines cultures, notamment celles africaines, il a une place importante dans la littérature et occupe un rôle central dans les traditions.
Chaque communauté a son propre fonds culturel d’histoires et de références. Dans certaines cultures, la connaissance de contes permet de briller, de gagner en sagesse, d’être respecté dans le groupe. L’ensemble de ces récits constitue le patrimoine historique souvent transmis d’une génération à l’autre par le biais de l’oralité.
Ces contes sont un moyen d’aborder des thématiques en lien avec la nature humaine et d’évoquer des sujets comme : le courage, la justice, la jalousie, la solidarité…
Souvent imagés, les contes font appel à l’humain, à l’animal et même au végétal pour illustrer les propos. Ils s’appuient sur l’allégorie et l’humour pour représenter les idées et aboutir à des leçons.
LES CARACTÉRISTIQUES DU CONTE
Le conte est un court récit de faits anecdotiques. Il puise dans l’imaginaire, le merveilleux et le surnaturel, des actions susceptibles de s’agencer dans le cadre d’une intrigue à dimension émotionnelle et aboutissant à une leçon édifiante et instructrice.
Le conte, en tant que genre littéraire, se base sur quatre éléments majeurs :
- L’univers imaginaire : Il s’agit d’allusions relevant du merveilleux et en inadéquation avec la réalité (exemple : un tambour qui permet de défier la famine, quand on tape dessus). Le conte recourt ainsi à un référentiel propice au rêve et à l’évasion. Cette caractéristique permet de concrétiser la fonction divertissante du conte.
- Les personnages : On retrouve dans le conte des personnages disposant de capacités surhumaines et qui accompagnent le parcours de personnages plus ordinaires (exemple : Un chien et une tortue qui échangent avec une femme âgée). Ce choix permet d’ancrer le récit dans sa dimension imaginaire.
- Un flou au niveau des indicateurs spatiotemporels : Dans la trame narrative du conte, il y a très peu de place au réalisme, d’où le choix de relater les faits sans indications précises aux lieux et aux temps dans lesquels se déroule le conte (Exemple : Un village). Cela permet de faciliter l’identification du lecteur et de donner aux propos une dimension universelle.
- Un conte, une leçon : Les contes évoquent souvent des caractères ou des valeurs. Ils ont une visée didactique, atteinte par le biais de l’allégorie. Chaque conte recèle un but moral lui donnant une valeur humaine intemporelle.
EXTRAIT DE CONTES AFRICAINS :
La Jalousie de la tortue (Un conte du Nigeria), Pages 71 et 72
Dans un village, vivaient Ijapa la tortue et Adjà le chien. Ces deux amis étaient les seuls animaux qui cohabitaient avec les hommes, les femmes et les enfants.
Un jour, alors qu’ils se baladaient, ils croisèrent Yawa, la femme la plus âgée du village. Elle portait sur son dos un fagot de bois très lourd et avait du mal à marcher. Adjà le chien la salua :
— Bonjour, grand-mère !
— Bonjour, mon enfant !
Pris de pitié, Adjà le chien proposa à son amie Ijapa la tortue d’aider la vieille dame à porter son fagot jusqu’à chez elle. Ijapa lui répondit :
— Tu m’as bien regardée. Tu m’imagines, moi Ijapa, jolie comme je suis, en train de porter sur mon dos un gros fagot pour raccompagner une vieille femme aussi lente. Non, je ne peux pas perdre mon temps ! Je suis désolée.
Puis, elle donna dos au chien.
Choqué par la réaction de son amie, le chien répliqua :
— Ijapa, tu t’entends parler ? Tu sais très bien que la tradition nous demande d’être respectueux envers les personnes âgées.
[…]
C’est ainsi qu’Adjà le chien aida seul la vieille femme à porter son fagot.
La vieille dame fut touchée du comportement du chien :
— Merci beaucoup, mon enfant. […]
Elle fit entrer Adjà le chien chez elle
— Voici trois tambours. Choisis celui qui te plaît le plus et apporte-le-moi.
Adjà le chien s’exécuta. Il opta pour le petit tambour qu’il remit à Yawa.
Elle aima le fait qu’il ait choisi le plus petit tambour, puis l’encouragea à rester humble toute sa vie. Elle ajouta :
— À chaque fois, je dis bien à chaque fois que tu auras faim, bats simplement le tambour. Ce sera comme un signe que tu m’enverras automatiquement, la nourriture apparaîtra.
Adjà le chien s’inclina, la remercia plusieurs fois, et rentra paisiblement chez lui.
Un jour arriva, où la nourriture vint à manquer. Alors que les provisions des villageois s’étaient épuisées, Adjà le chien, lui, ne manquait de rien. Il suivait scrupuleusement les indications de la vielle Yawa et mangeait chaque jour à sa faim…


