Ils avaient juré de mourir pour elle. Il avait juré qu’elle mourra, quitte à y laisser la vie.

Ils avaient juré de la voir vaincre, remporter sa bataille contre le choléra. En finir avec les mites et les rats, les vipères, les renards, les loups, les vautours et les colombes, les chacals et les faces de rats.

Ils avaient rêvé sa jeunesse, eux sa jeunesse glorieuse. Ils avaient rêvé de gloire, de réussite impétueuse. Ils avaient rêvé une carrière au service de la Nation, fierté de pères et de mères, de familles et de régions.

Ils avaient rêvé famille, épouses et enfants. D’une vie de plénitude, de pleins d’accomplissements.

Ils avaient tout pour vivre. Il était prêt à tout pour les voir mourir.  Eux le symbole du courage, lui qui a massacré son propre avenir.

Ils ont choisi la grandeur, il avait choisi la petitesse. Eux au service d’une patrie, lui au service d’une idée traitresse. Ils ont juré loyauté, il a juré traitrise. Ils ont juré bravoure, il a juré bêtise.

Ils avaient tous le même âge et, dans le même pays, ils ont grandi. Ils ont célébré les mêmes fêtes et des mêmes blagues, ils ont, un jour, surement, ri.

Elle les a vus tous grandir, prenant des chemins opposés. Les uns à son service voués, l’autre à sa mort dévoué. Les uns se sacrifiant pour elle, le sourire aux lèvres, même après la mort. L’autre cherchant à l’abattre, vivant en cadavre et se trainant comme un mauvais sort.

Elle l’a répudié. Elle les avaient bénis. Lui son mal, eux son motif de survie.

Quand le chemin des meilleurs et du pire se croisent, que les uns et l’autre se toisent, que le sang coule et que la vie se finit. Qu’un pays pleure et qu’une bande de lâches rit. Sonne, au plus profond de tous, le sens de leur serment, comme un hymne qui s’entend des splendeurs du firmament.

Ils sont morts pour elle, mais, pour eux, elle vivra. Offrande pour une terre que le rat jamais ne vaincra.

Il avait juré, mais jamais elle ne mourra.

Ils avaient juré de mourir pour elle et, éternellement, à travers eux, elle vivra.

 

Paix aux âmes des six jeunes membres de la Garde nationale morts en guerre contre le terrorisme, ce 8 juillet 2018.