Douze sécuritaires sont morts dans l’attaque terroriste de Ben Guerdane. Douze noms que la Tunisie ancrera dans son Histoire, comme y ont été ancrés, avant eux, des milliers d’autres. Des noms que la patrie garde, en sa mémoire collective, comme un ensemble, une entité globale, nommée sacrifice. La patrie se construit, nourrit ses valeurs, confirme sa valeur, de cette notion faite de noms, de larmes et de sang.

En ces temps difficiles, le don de soi devient une valeur commune, faisant oublier à tout un chacun qu’il est un et ancrant, en lui, la conviction qu’il est partie d’un tout nommé patrie. Plus qu’un pays donc, ce bout de terre, pour qui des Tunisiens se donnent. Plus qu’un pays, ce pan de culture, pour qui des mères pleurent mais font des youyous, aussi, en signe d’adieu à leurs enfants morts pour que nous vivions.

Les valeurs humaines se gomment ainsi au profit de celles nationales. Les slogans patriotiques prennent forme et transcendent toute autre norme morale. « Mon pays est plus important que mes enfants », a lancé hier, dignement, un père de famille ayant perdu sa fille de 12 ans dans les attentats de Ben Guerdane.

Cette générosité dépasse toutes les campagnes de communication, elle dépasse toute forme de sensibilisation, elle dépasse tous les discours politiques. Cette générosité est le sens même de l’épreuve, celle qui vous fait mesurer votre ancrage dans vos racines, celle qui vous rappelle vos racines, celle qui vous donne la chair de poule en écoutant l’hymne national scandé aux portes d’un hôpital régional par où sortiront les corps sans vie de ceux qui ont fait des leurs une offrande à cette patrie.

Douze noms de plus et plus encore dans la liste des sacrifices que nous payons, que paieront des familles, des mères, des pères, des enfants. Pupilles de la Nation que ces Tunisiens éplorés par une perte nommée sacrifice! « Le sacrifice de soi est le sens de la vertu », écrivait Aristote.

La vertu devient, en cette Tunisie nouvelle, ce sacrifice commun. Elle est cette générosité devenue norme qui nous dit que nous ne sommes pas des habitants mais des citoyens, que le pays est avant tout patrie, que, pour lui, on peut mourir ou voir mourir ses enfants et brandir un bras levé et revanchard vers un avenir qui peine à sourire. Cette générosité-vertu nous sort de l’anecdote et nous fait entrer dans l’Histoire. L’Histoire inclusive faite de noms et de sang, de générosité et de dons, de cris et de youyous et de nobles valeurs.

Alors meurt-on un jour, pour sa patrie ? Non ! Tant qu’elle vivra par nous.

Paix aux âmes de :

Sofiène Ben Ahmed

Mehdi Chemlali

Abdesselem Saâfi

Mohamed Afif

ABdelkerim Jeri

Boulaares Erradaoui

Ramzi Zrelli

Mohamed Yassine Soltani

Abdelati Abdelkebir

Hassine Mansouri

Abdelbassete Meraii

Ghaith Guetif

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