Depuis que Béji Caid Essebsi a lancé la bombe du gouvernement d’union nationale à former urgemment, on ne cesse d’en parler: partira, partira pas. Habib Essid sur un siège éjectable, certes, mais bien accroché à son siège, tant les coups lui viennent de partout.

Habib Essid vit, ces derniers jours à la Kasbah, les aléas d’un gouvernement politique partisan. Lâché par ses propres ministres, il découvre la politique des stratèges. Celle de figures politico-médiatiques poussées par les urnes et soutenues par une opinion publique regardant là où l’on voudrait qu’elle regarde, du moins pas vers l’essentiel.

Que reproche-t-on au fait à Habib Essid? Pourquoi cette volonté soudaine ou préméditée de lancer le pays vers l’inconnu? A moins que l’inconnu n’en soit pas un et qu’un scénario de rechange soit bien ficelé, en attente. Auquel cas, ce que cela nous rassurerait de le connaître!

Car au vu des fuites circulant autour de l’identité du potentiel successeur de Habib Essid, rien de rassurant ne se profile.

Le Tunisien est-il assez naïf, encore, pour croire en l’hypothèse d’un sauveur providentiel pouvant souffler sur sa misère sociale et en faire un portrait prospère, effleurer l’économie en pente basse et en redresser la barre, regarder le peu de scrupules politique qui reste et faire de la bassesse, loyauté et patriotisme?

Existe-t-il, en vrai, cet homme politique du moment, du moment d’après Habib Essid?

Beaucoup en doutent. Mais la machine est lancée et peu sont ceux qui se posent la question quant au pourquoi d’un pareil départ. Poussé vers la porte à coups de menaces qu’il a lui-même avoué en avoir reçu, Habib Essid ira devant l’Assemblée des Représentants du Peuple, à sa demande, chercher des faveurs qu’il n’aura vraisemblablement pas.

Habib Essid sera face à des blocs de partis ou d’idéologies, et non à des individualités pouvant évaluer chacune de son côté, en son âme et conscience, le bilan d’un chef du gouvernement certes très critiquable mais pas assez pour tout ce remue-ménage dont le pays se serait bien passé. Il sera face à des calculs politiques faits à l’avance. Les dés sont jetés!

Habib Essid n’aura peut-être pas de majorité pour le vote de confiance, le scénario de son remplacement avec toutes les étapes constitutionnelles sera enclenché et les desseins en place atteints. Mais le pays y gagnera-t-il vraiment?

Dans certaines sphères étrangères, on parle déjà de la Tunisie, comme à l’époque de fin de règne d’un Ben Ali qui agace avec les siens et avec l’instabilité politique qui se profilait; un air de famille plane. Un changement politique peut-il rassurer à l’international? N’est-il pas le signe d’une certaine instabilité politique? Le gouvernement actuel n’a-t-il pas une multitude de dossiers en cours? Encore une rupture à infliger à un appareil de l’État essoufflé par les calculs politiciens.

Et si Habib Essid l’avait ce vote de confiance, pourrait-il encore relancer la machine, faire abstraction des tractations, des menaces, de l’intimidation et se remettre au travail? Avec quelle équipe? Celui qui a tenu tête jusque-là malgré la fatigue physique et les différentes hospitalisations ne l’a fait que par principe disent ses proches. « Il ne veut pas lâcher son siège », disent de lui ses détracteurs.

Peu importe la raison. Peu importe l’homme, peu importent les hommes, l’actuel et celui en devenir. Nos politiciens auront-ils conscience un jour que les postes se méritent et ne se distribuent pas et qu’en temps de crise toute concession est chèrement payée, à l’échelle individuelle, sur le long terme, et nationale, sur le moyen.

Comprendront-ils un jour que le pays, comme son prestige, se protège politiquement et que le pouvoir devenu faible ne peut générer que la dégénérescence…pour tous? Le grand saut est pour bientôt!

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