Il y a quelques jours, était présent sur le plateau d’Ettounseya un terroriste présumé de retour en Tunisie après une expérience sanguinolente en Syrie. Le passage a été très remarqué, l’animateur de la chaîne a été entendu par les forces de l’ordre et le terroriste en question a été arrêté.

Bien que mis en doute, le témoignage du dénommé Abou Qoussaï est riche en détails. Il amène, dans une grande précision, de nombreux éclaircissements quant à la vie au quotidien dans cette Syrie mutilée par les guerres intestines. La dislocation interne que connaît le tissu social syrien a été en toute évidence accentuée par des parasites venus d’ailleurs, accourus de Libye, du Mali et de Tunisie. Partis en nombre, beaucoup de nos jeunes ont cru en la sacralité d’un combat qui s’est avéré être pour beaucoup une manipulation de taille, au profit d’un projet occulte dont les visées ne sont pas encore évidentes, mais dont les retombées sont incontestablement dévastatrices.

Le témoignage apporté sur le plateau de Naoufel Ouertani a eu des retombées d’un point de vue légal. La teneur de ses propos sera étudiée et évaluée par les forces de l’ordre, seules habilitées, à en déterminer la plausibilité. En revanche, ceux qui ont crié à la manipulation orchestrée par l’animateur de l’émission ont été nombreux. D’un seul camp ils arrivent et vers un unique but ils convergent : le témoignage n’a rien d’authentique et les médias de la honte se confirment comme tels.

Le site électronique Al Sada réputé pour sa proximité avec la Troïka, le journal Al Dhamir, connu pour sa tendance islamiste, des pages Facebook au contenu bien orienté, des figures de la scène politique à la pensée partisane prononcée et « au parti bien pris » ont accablé Naoufel Ouertani, l’accusant d’être « un menteur, un manipulateur agissant dans le but d’instaurer un climat de discorde dans le pays ».

A parcourir de près les journaux islamistes, on se rend compte aisément de l’ampleur de la manipulation subie par ceux qui les lisent. Les calomnies dont ils accablent continuellement leurs confrères, les leitmotivs tels que « médias de la honte », « presse de propagande » seraient aisément reproductibles pour les désigner eux-mêmes, pour illustrer leur zèle vis-à-vis de l’islamisme et de ceux qui le représentent politiquement.

L’affaire du frère de la célèbre élue d’Ennahdha, Sonia Ben Toumia, en est l’illustration. Bruitée suite à un communiqué du Syndicat de la sûreté républicaine rendu public le 15 mars, l’implication du frère de l’élue dans l’endoctrinement, la préparation et les départs de jeunes vers la Syrie a été confirmée par Mohamed Ali Aroui, porte-parole du ministère de l’Intérieur. L’élue avait qualifié de violente et d’injustifiée la descente policière effectuée quelques jours auparavant à Menzel Nour à Monastir. Son frère y était impliqué, voilà donc ce qui explique cela. Sonia Ben Toumia niera cette implication en bloc d’après le journal Al Dhamir. Son frère est en Libye et non en Syrie, précisera-t-elle dans une déclaration rapportée, sans grande précision, dans un article dudit journal.

Non loin de Monastir où aurait sévi le frère Ben Toumia qu’on dit aussi proche de Hamadi Jebali, et dans ce même contexte, a été arrêté, hier, à Sousse, le propriétaire d’un « restaurant islamique » dans le cadre d’une affaire liée au jihad. Le concept du restaurant en question avait été jugé insolite par bon nombre de médias. Insolite, il l’est assurément, puisque, derrière l’idéologie mise au service de la gastronomie, il y a une gestion secrète de fonds aboutissant au financement du terrorisme. Derrière ce projet, il y a des intervenants, de l’argent et une idée, tout comme derrière bon nombre d’organismes à tendance islamiste confirmée tels que les associations, les écoles et beaucoup d’autres projets réalisés à une période de laxisme et crus souvent sur parole, avec pour seul gage, la bonne foi, la foi islamique, ostentatoire de préférence.

Tous les «intervenants » cités dans cette chronique sont impliqués d’une manière ou d’une autre dans ce phénomène qu’est le Jihad ; un phénomène qui commence à mûrir et dont les fruits empoisonnés tomberont sur les têtes de ceux qui les ont laissé pousser. Médias de la honte, politiciens, commerçants de la nouvelle heure, sont des islamistes de longue date, dans bien des cas. Un réseau diversifié, éclaté en apparence puis reconsolidé à l’orée de l’ère nouvelle des libertés. Mettant à bas un système pourri, le Tunisien en a érigé un nouveau, plus chauvin et non moins barbant.