Voilà une semaine tunisienne à l’actualité spéciale. On n’aura presque pas parlé de grèves, de sit-in, de bras de fer. On aura très peu parlé de menace terroriste, d’arrestations, de tentatives, de risques. On n’aura pas parlé relance, économie, tourisme, crise. On ne lira en tête d’affiche que des informations en relation avec la Tunisie et l’international.

Habib Essid à New York félicité par Ban Ki Moon. Le géant maladroit à la Kasbah a gagné en assurance à en voir sa prestation onusienne. S’en dégage l’image d’une Tunisie qui se réveille enfin. Ce n’est peut-être qu’une image, mais soit ! Ne nous focalisons pas que sur les critiques quand du positif se dégage du tableau général. Le chef du gouvernement a rassuré quant à la situation des femmes en Tunisie et a rencontré plus tard la Chancelière allemande, Angela Merkel, le Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg et le président du Forum économique mondial. Notre Habib Essid national a représenté la Tunisie parmi les grands de ce monde, les plus influents surtout.

Béji Caïd Essebsi, s’envolera quant à lui dans les prochains jours vers l’Egypte. La visite présidentielle fait suite à une invitation du président Abdelfattah Al-Sissi. Les deux présidents réfléchiront donc, le 4 octobre, sur les possibilités de renforcement de la collaboration tuniso-égyptienne après une période de froid officiel et officieux entre les deux pays où le « printemps arabe » n’a pas pris la même tournure. L’Egypte a choisi son positionnement dans l’échiquier politique mondial. La Tunisie suit ses pas. Feuille de route en marche !

Rached Ghannouchi s’envolera, quant à lui, bientôt, vers les Etats-Unis. Le leader islamiste ira chercher un prix que lui accorde l’International Crisis Group pour les efforts qu’il aurait fournis dans le cadre d’un consensus constructif pour la Tunisie dans le cadre de sa transition politique. Cette distinction, Rached Ghannouchi la partage avec Béji Caïd Essebsi bénéficiaire conjoint du Prix du Fondateur pour les “pionniers dans la paix”. Après l’effort, les récompenses ! L’alliance contre-nature entre les deux partis ennemis avant les élections et alliés après, n’aura pas fait que des mécontents. L’ONG multinationale en est contente et reconnaissante.

Il faut dire que même l’OTAN est satisfait de la Tunisie, en ce moment. Une délégation de son Assemblée parlementaire était à l’Assemblée de Représentants du Peuple hier. Après l’exposé sur le rôle de cette assemblée fait par nos députés, encore en vacances jusqu’au 16 octobre, soit dit en passant, les membres de ladite délégation ont manifesté leur enthousiasme quant à l’exemple tunisien et au parcours accompli. Ils ont également exprimé leur volonté d’aider la Tunisie à affronter les difficultés à venir.
Le Forum économique mondial n’était pas en reste par rapport à cette euphorie générale quant à la Tunisie. Son président et fondateur Klaus Schwab a exprimé son respect pour le parcours tunisien. Les structures de son organisme seront mises à disposition de notre pays afin de favoriser le renforcement des relations de coopération entre la Tunisie et les pôles économiques influents dans le monde. Rien que cela !

C’est à se demander ce qui nous vaut tant d’égard de la part de la communauté politique et économique internationale. Il fut un temps pas si lointain que cela où la Tunisie peinait à combattre sans aide aucune la menace économique persistante et celle terroriste qui allait crescendo. Nos politiques dont l’apport était jugé médiocre sont devenus de véritables héros internationaux. Notre pays qui risquait la banqueroute, un exemple à suivre. La politique a ses dessous que le commun des mortels ignore.

Toutefois, le contexte international en relation avec le dossier syrien et celui de l’Etat islamique, la démonstration de force de la Russie, l’émergence de la Chine dans ce dossier, la position des Etats-Unis qui ne compte pas céder sa place parmi les plus grands de ce monde. La position de l’Allemagne et celle plus tâtonnante de la France. Tout cela n’est que l’esquisse d’une carte mondiale des forces qui se met en place. La Tunisie en sera un des pions.

Le contingent de terroristes présents en terres syriennes, la présence d’un leadership islamiste et s’annonçant civile à la fois, la promiscuité libyenne, la volonté d’en sortir à tout prix, et la présence de politiciens en quête de reconnaissance ne seront que des éléments favorables à l’intérêt croissant pour notre petit pays de la part de ceux qui se disent grands et qui ont l’intention de le faire savoir bientôt. Pourvu que cela ne nous trompe pas d’amis, d’alliés et de marionnettistes.

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