Zbeida Belhaj Amor est une actrice tunisienne dont le talent s’est dévoilé, pour la première fois au cinéma, dans le film de Leyla Bouzid Une histoire d’amour et de désir, qui a été présenté lors de la
Semaine de la critique au dernier Festival de Cannes. Âgée de 22 ans, Zbeida a un parcours ressemblant à celui de l’héroïne qu’elle a incarnée à l’écran. « Je partage avec elle son élan de vie, sa quête d’absolu, c’est quelqu’un d’euphorique, qui a envie de découvrir, d’ouvrir les portes… », révèle-telle.
Licenciée en design, la jeune femme s’est installée à Paris afin d’y poursuivre son rêve de petite fille : faire une formation de théâtre et lancer sa carrière d’actrice.
Comment est venu ce premier rôle ?
J’ai toujours été passionnée par le cinéma et le jeu. Je prenais des cours de théâtre à Tunis, quand tout a commencé grâce à une rencontre avec la réalisatrice Leyla Bouzid. Elle cherchait l’actrice de son premier long-métrage, mais je n’avais, à ce moment-là, que quatorze ans. Cinq ans plus tard, elle m’a recontactée pour Une histoire d’amour et de désir, et ç’a été le point de départ d’une belle aventure.
Qu’avez-vous en commun avec Farah, le personnage que vous interprétez ?
Nous avons toutes les deux le goût de l’aventure et des grandes déclarations. Nous sommes à peu près animées par le même feu, même s’il y a des points autour desquels nous divergeons totalement. Comme Farah, j’ai quitté Tunis pour aller faire mes études à Paris et embrasser l’avenir. C’est cette aventure que nous avons en partage, une aventure vécue sous le mode de l’enthousiasme et de la passion.
Selon vous, comment se porte la francophonie auprès des jeunes, en Tunisie notamment ?
Je dois vous avouer que la francophonie pourrait être dans une meilleure situation auprès des jeunes Tunisiens. Mais il ne faut pas désespérer de pouvoir la relancer, malgré un engouement rampant et assez palpable pour la langue anglaise qui s’installe depuis quelques années. Je pense, à ce titre, que l’intérêt pour le livre français et pour les productions cinématographiques francophones devrait être stimulé. Il faudrait, éventuellement, imaginer des actions innovantes auprès des jeunes des différentes régions, même celles les plus reculées du pays.
Que pourraient apporter les jeunes francophones comme vous sur la scène culturelle et artistique en France ?
Je pense honnêtement que les jeunes francophones apportent déjà beaucoup à la scène culturelle française. Ils apportent un plus, de par leur différence, leurs expériences, leurs cursus d’intégration. Tout cela rejaillit, immanquablement, sur leurs contributions dans les productions littéraires et cinématographiques françaises et francophones. C’est carrément un melting-pot qui émerge et qui donne à la France une particularité que beaucoup d’autres pays lui envient : cette part active dans l’universalité de la culture et sa dimension humanitaire.
Comment envisagez-vous votre avenir artistique ?
Je suis actuellement à l’École du jeu, à Paris. Plongée dans un univers dans lequel je trouve ma place. J’espère continuer à jouer dans des films qui me parlent et à travers des rôles que j’incarnerai avec plaisir et enthousiasme.