Il suffirait de peu pour que la Tunisie dépasse ses problèmes enlisants. Il suffirait de peu pour que soit tiré vers le haut, un pays qu’on ne sait quoi tire vers le bas. Nous n’avons de cesse de faire remarquer que la situation de la Tunisie ne va pas pour le mieux et qu’elle empire à vue d’œil. Mais qu’est ce qu’il nous faudrait pour sortir de ce fameux goulot où l’on reste coincé ? 9 points pourraient faire notre salut. En voici le détail.

– Des politiciens passionnés, passionnés oui mais par autre chose que leur propre avenir ! Le mouvement de table rase ayant fait suite à la mise à bas du régime Ben Ali a permis l’émergence d’une classe politique nouvelle. C’est la composition de cette caste dirigeante qui nous fait, en partie, défaut. Ces nouveaux arrivés comptant parmi eux des arrivistes mais aussi des parvenus nous offre, en retour de leur gloire nouvelle, un rendement indigne de leurs nouveaux postes … Il nous faut des Hommes politiques et n’est pas Homme politique qui le veut.

– Des citoyens conscients, de leurs devoirs en plus de leurs droits ! Tant que l’incivisme nous mine, nous ne pourrons pas avancer. Le constat est aussi simple que pragmatique : Nous avons besoin d’une révolution au niveau des valeurs pour dépasser notre crise qui n’est pas que politique. Notion de travail, de conscience, de correction, de respect d’autrui, de rigueur… autant d’attitudes à cultiver pour tirer le pays de son marasme ; car c’est utopiste d’espérer qu’un gouvernement de quelques dizaines de personnes puisse tirer, seul, une dizaine de millions de Tunisiens que des dizaines d’années de mauvaises habitudes empêchent d’avancer.

– Des syndicats œuvrant pour le peuple : et non contre le gouvernement ! La Tunisie compte désormais parmi ses organes de poids : l’UGTT. Une force syndicale ayant fait preuve de pouvoir réel sur le cours des événements politiques. Alors que la Tunisie connait un casting nouveau de dirigeants, le bras de fer syndicat/ pouvoir est on ne peut plus d’actualité. Le planning des grèves est long et varié : de nombreux secteurs touchés et l’impact se chiffre en dinars. Démonstration de force, oui, mais pour le citoyen et non contre lui, par répercussion.

– La fin des campagnes de propreté ! Tant que la propreté fera l’objet de campagnes nationales, nous croulerons sous les ordures. L’importance accordée aux détritus devra cesser d’être occasionnelle et d’accompagner les visites officielles en les précédant d’un jour. L’image stéréotypée mais bien belle d’une Tunisie « verte » n’est plus. C’est un fait. Nous devons travailler un minimum à faire en sorte que ne naisse pas celle d’une Tunisie tiers-mondiste où les chiens errants cohabitent avec les citoyens et où les citoyens cohabitent en paix avec la saleté environnante.

– Maintenir les acquis à défaut de pouvoir en créer d’autres : Nous n’avons plus les moyens de lancer de nouveaux grands projets. Notre infrastructure en a pris un sacré coup de vieux. A défaut d’améliorer l’infrastructure tunisienne, nous devrions essayer d’assurer la maintenance de l’existant. Routes en état déplorable, aéroports vieillissants, administrations au bord de l’écroulement… Quelle image s’en dégage de nous ? Quel effet celle-ci a-t-elle sur nous, au quotidien ? Quelle réaction en résulte de la part des investisseurs de passage sur nos terres? Le constat n’est pas bon, mais peut être changé, si volonté il y a !

– Tolérance zéro mais tolérance tout de même ! Les risques sécuritaires ne sont plus au stade de risque depuis que les menaces se sont mutées en attentats. La divergence idéologique a fait mort d’hommes. Elle a distancié un tissu social dont la cohésion n’était qu’apparente. Face à certaines manifestations d’extrémisme, la tolérance zéro devra être de mise. Toutefois, cette intransigeance dans la manière de traiter avec une différence devenue sanglante ne devra pas nous faire oublier la tolérance. La stigmatisation de l’Autre est loin d’être la solution pour cette société faisant sa crise d’adolescence.

– Un enseignement qui se veut aussi éducation. Nous ne pourrons être sauvés, sur le long terme, qu’au moyen de l’Ecole ! Nos institutions scolaires renferment la solution aux maux rongeant ce pays. Toutefois le pouvoir de l’éducation ne pourra être perceptible qu’après une réforme au niveau des programmes et une évaluation du secteur et de ses acteurs. L’école pourra ainsi assurer son rôle annexe, celui d’éduquer, d’inculquer des valeurs et de jouer un rôle que certains milieux familiaux ne jouent pas. A l’école on n’apprend pas qu’à lire, on apprend aussi à vivre, à savoir vivre.

– Un bon gouvernement et non un gouvernement de «bons ». Le rendement du gouvernement Essid est loin d’être satisfaisant. L’erreur est-elle dans la communication ou dans l’action elle-même ? La réponse est dans cette volonté de plaire et de contenter qui s’amenuise, plus elle est recherchée. Nous avons désormais plus besoin de rigueur et de force que de mollesse et de populisme. « Un peuple n’a qu’un ennemi dangereux, c’est son gouvernement. », disait Saint-Just. A force de vouloir être notre ami, le nôtre risque de devenir la principale source de notre mal.

– Une élite respectée et méritant le respect. Comme toute société en pleine effervescence la nôtre a besoin d’initiateurs pouvant jouer le rôle de guidage quand on perd la boussole et « penser » notre mal pour mieux nous apprendre à en guérir. Nous avons besoin d’une élite, une vraie, non pas celle d’experts en tous genres que le monde virtuel a permis de propulser, mais de théoriciens pouvant vulgariser la connaissance et non tomber dans la vulgarité eux-mêmes. Cette classe d’intellectuels et de connaisseurs méritera le respect en ne cherchant pas sa propre gloire, celle qu’on obtient, en temps de buzz, d’une manière facile ; mais en cherchant ce qu’il y a de plus difficile : éclairer la foule pour la faire avancer. N’est pas chef de file celui qui ne cherchera qu’à l’éblouir.

« On ne conduit le peuple qu’en lui montrant un avenir : un chef est un marchand d’espérance.», disait Napoléon Bonaparte. Nous avons plus que jamais besoin de marchands d’espoirs !

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